• Marley - Danakil (Dialogues de Sourds)

    Robert Nesta Marley dit Bob Marley est né le 6 février 1945 à Nine Miles, en Jamaïque, et est mort le 11 mai 1981 à Miami, en Floride (États-Unis). C'est l'auteur-compositeur-interprète qui a popularisé le reggae dans le monde entier, et de ce fait, le plus connu de tous. C'est également le vecteur de la propagation du mouvement Rastafari dans le monde.

    Bob Marley est né d'une mère noire jamaïcaine âgée de 18 ans, Cedella Marley Booker, née Malcolm, et d'un père d'origine anglaise, superviseur à cheval des travaux des champs et âgé d'une cinquantaine d'années, Norval Marley, qu'il n'a que très peu connu. Les parents de Norval Marley n'acceptaient apparemment pas sa liaison avec une femme noire, et Norval, décrit par Cedella comme un homme gentil, mais de faible caractère, aurait été rejeté par sa famille. Bob Marley souffre de l'absence de son père, qui le fait venir à la capitale pour étudier quand il a cinq ou six ans. Sans nouvelles, sa mère le retrouvera des mois plus tard dans une rue de Kingston : son fils avait été confié à une vieille dame, pour qui il faisait les courses. Cedella voit Norval une dernière fois et reprend son enfant.

    Pendant son adolescence, Marley quitte la campagne pour habiter à Trenchtown, ghetto de Kingston. Il y rencontre Neville Livingstone (Bunny Wailer) et Winston Hubert McIntosh (Peter Tosh) avec qui il chante des cantiques et des morceaux soul passant sur les ondes à l'époque. Ils reçoivent des cours de chant par Joe Higgs, père du reggae selon certains artistes comme Jimmy Cliff. Bob Marley enregistre ensuite sa première chanson en ska Judge Not sur le label Beverley's en 1961. Il n'avait alors que 16 ans. L'année suivante, il enregistrera One Cup Of Coffee, un succès de country, qu'il adaptera en ska également.

    En 1963, il fonda le groupe The Wailing Wailers avec Bunny Wailer, Peter Tosh ainsi que Junior Braithwaite ; ils obtiennent un contrat avec Studio One en 1964, produits par Sir Coxsone, qui a pour assistant Lee "Scratch" Perry. Malgré le succès de leurs titres comme Simmer Down ou encore Put It On figurant sur l'album The Wailin' Wailers, Coxsone ne leur versant que peu d'argent en contrepartie, The Wailing Wailers se séparent du producteur.

    Au début 1966, Bob Marley se marie avec Rita Anderson devenue alors Rita Marley. Étant allé rejoindre sa mère aux États-Unis, il ne peut continuer à jouer avec les Wailers, mais il n'abandonna pas pour autant l'écriture de chansons. À partir de l'été 1966, il s'intéresse de plus en plus au mouvement rastafari qui a émergé en Jamaïque à partir des années 1930 et fonde alors un label appelé "Wail'n Soul'm" avec Peter Tosh où seront enregistrés leurs titres rocksteady comme Bend Down Low.

    Mortimmer Planno, un rasta jamaïcain d'origine cubaine ayant voyagé en Éthiopie et rencontré H.I.M. Haile Selassie I, enseigne sa culture rasta à Bob Marley. Il a beaucoup de mal à vendre ses disques, n'ayant pas de vendeur professionnel, et est donc trop pauvre pour vivre en ville avec sa femme Rita et ses deux enfants, Cedella et Ziggy. Il retourne donc dans sa campagne natale en 1967 pour se ressourcer spirituellement ; il continue d'enregistrer et de composer des 45 tours pour Wail'N Soul'M dont personne n'entendra parler, mais qui devinrent des classiques tels que Nice Time ou Hypocrites, qui sortent sous le nom de Bob Marley & The Wailers.

    Rita, Bob Marley et Peter Tosh rencontrent en janvier 1968 le chanteur américain Johnny Nash, qui est décidé à lancer le style rocksteady aux États-Unis, et son manager Danny Sims, avec qui ils signent un contrat international exclusif pour les disques et éditions JAD. Bob leur fournit quantité de compositions inédites, dont Stir It Up, qui deviendra bientôt un succès pour Nash. Johnny Nash a beaucoup de succès avec le rocksteady (tube américain "Hold Me Tight" en 1968), mais l'album de Bob Marley & the Wailers qu'il a financé ne sort pas (il ne sera finalement publié qu'en 1997 chez JAD). Seule une nouvelle version de Bend Down Low avec des cuivres américains ajoutés à New York sort en France et au Canada (JAD-CBS) en 1968, mais sans aucun succès. Bob Marley écrit parallèlement son premier morceau rasta, Selassie Is the Chapel en 1968. Cet enregistrement important, dans le style nyabinghi (musique rasta ayant pour base le rythme du cœur et pour instruments principaux les percussions), est financé par Mortimer Planno, qui en interprète la face B, A Little Prayer. Quelques producteurs locaux se succèdent, mais le trio vocal n'a plus aucun succès depuis son départ du giron de Coxsone Dodd.

    Sans ressource, Bob Marley part à nouveau aux États-Unis pour rejoindre sa mère en 1969. Il y travaille quelques temps dans une usine Chrysler, et sa femme et ses enfants le rejoignent. Lorsqu'il retourne en Jamaïque, il fonde la label Tuff Gong (Gong étant le surnom d'un des fondateurs du mouvement rastafari Leonard Percival Howell), du nom de son surnom du ghetto. Il enregistre une reprise de James Brown, I'm Black and I'm Proud, qu'il renomma Black Progress. Ce morceau, dans le "nouveau" style reggae, est enregistré avec de jeunes musiciens tels que les frères Carlton à la batterie et Aston "Family Man" Barrett à la basse. Ceux ci ne le quitteront plus jusqu'à sa mort. Mais les disques du label indépendant Tuff Gong n'attirent toujours pas les foules. Marley va donc à la rencontre de son vieil ami Lee "Scratch" Perry − qui est parti en Angleterre en 1969 pour chanter avec les frères Barrett sous le nom des Upsetters, et qui ont connu un succès en Angleterre grâce à la chanson The Return of Django − qui acceptera de produire le groupe Bob Marley & The Wailers. Partenaires jusqu'en 1978, ils produiront des titres ayant du succès tels que Duppy Conqueror, Sun Is Shining, Soul Rebel, Kaya ou encore Keep On Moving (reprise de Curtis Mayfield). Il réunira ensuite certains de ses 45 tours sur l'album Soul Rebel sorti en 1973 chez Trojan.

    N'ayant toujours pas de succès, Bob Marley & The Wailers gravent une dizaine de chansons avec l'équipe de Leslie Kong, qui avait déjà produit les deux premiers 45T de Marley en solo. Ces tunes perceront en Angleterre grâce au son professionnel fourni par Kong. Il publiera ces titres en 1971 sous le nom "The Best Of The Wailers". Bunny Wailer aurait averti le producteur : que l'album s'appelle "Le Meilleur des Wailers" annonçait la fin de leur carrière [avec Kong]. Leslie Kong ne tint pas compte de la remarque ; il mourrut quelques temps après la sortie de l'album sous ce nom d'une crise cardiaque à l'âge de 38 ans.
    Marley rejoint Les Douze Tribus d'Israël (organisation rasta fondée par Prophet Gad/Vernon Carrington).
    Ils continuent à alterner les autoproductions et les séances financées par Lee Perry pour Upsetter. Malgré la qualité de leur travail prolifique, leurs œuvres n'ont toujours aucun succès auprès de la scène locale jusqu'à leur autoprod Trenchtown Rock (label Tuff Gong, 1971).

    À la demande de Johnny Nash qui cherche des compositions pour la bande du film suédois "Vil Sa Garna Tro" ("L'amour n'est pas un jeu") dans lequel il joue le rôle principal, Bob Marley part pour Stockholm en 1971. Il y écrit plusieurs morceaux, et collabore à la bande du film. Nash signe alors avec les disques CBS à Londres où il enregistre le plus gros succès de sa carrière, I Can See Clearly Now. Marley l'a rejoint, et signe lui aussi avec CBS grâce à Nash et son manager, avec qui il est toujours sous contrat. Comme l'album de Nash, le 45 tours Reggae on Broadway sort en 1972, mais Marley n'a aucun succès. Le son et les musiciens anglais apportés par Nash ne lui conviennent pas. Quelques concerts à Londres avec les frères Barrett sont organisés en première partie de Nash, mais sans succès. Nash part vers la gloire et abandonne son poulain. Marley contacte alors Chris Blackwell, le fondateur des labels Trojan et Island Records. Blackwell est Jamaïcain, il a déjà distribué en Angleterre les disques Beverley's de Leslie Kong, et connaît le nom de Marley. Il rachète le contrat de production à Danny Sims, et confie de l'argent à Bob, qui part enregistrer à Kingston. À ce point charnière de sa carrière, Bob Marley a déjà contribué à au moins 350 morceaux enregistrés en studio (dont une trentaine environ en tant que choriste), dont une grande partie ne seront révélés au public international que très tardivement, bien après sa mort, notamment dans la série de onze CDs "The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972" (Jad) réalisée entre 1998 et 2003 par le Français Bruno Blum et l'américain Roger Steffens. Marley réenregistrera par la suite une partie de ces compositions, comme Satisfy my Soul, Sun Is Shining ou Lively Up Yourself.

    À la suggestion de Blackwell, les deux premiers albums pour Island sont remixés à Londres, où des solos de guitare sont ajoutés, ainsi que des parties de claviers qui apportent un son plus accessible au grand public. Ils sortent un album chez Island sous le nom des Wailers en 1973, mais après une tournée anglaise Bunny Wailer quitte le groupe, remplacé par Joe Higgs pour la tournée suivante (album "Talking Blues"), puis c'est Peter Tosh qui s'en va, laissant Bob à sa carrière solo.  The I Three, le trio vocal féminin de la femme de Marley, Rita, ainsi que de Marcia Griffiths et Judy Mowatt, prend en charge les chœurs. Le nom des Wailers sera désormais celui de ses accompagnateurs, parmi lesquels les frères Barrett (basse et batterie), les pianistes Earl "Wire" Lindo et Tyrone Downie, le guitariste Earl "Chinna" Smith, l'harmoniciste Lee Jaffee et le percussionniste Alvin "Seeco" Patterson. Son premier album est le chef-d'œuvre « Natty Dread », dans lequel il incorpore une influence blues avec le guitariste américain Al Anderson. Un autre guitariste soliste américain, Junior Marvin, est ensuite engagé. Suivront le « Live! » enregistré le 18 juillet 1975 à Londres, qui contient son premier succès international No Woman No Cry où il console une femme affectée par la violence des ghettos, puis l'essentiel "Rastaman Vibration" (1976) qui sera le disque de Bob Marley le plus vendu de son vivant, et son premier succès américain. Le 3 décembre 1976 à Kingston, peu avant le grand concert en plein air "Smile Jamaica", Bob Marley échappe à une fusillade déclenchée à son domicile par six hommes armés. Il reçoit une balle dans le bras, une dans la poitrine et cinq dans la cuisse tandis qu'une autre touche Rita à la tête mais sans la tuer (elle s'en sort miraculeusement). Don Taylor, leur manager américain, en sort très gravement blessé de six balles. Parmi les agresseurs, des membres des Wailers reconnaissent Jim Brown, un tueur proche du parti de droite pro-américain, le JLP.

    Deux jours après l'attentat, Bob Marley participe comme prévu mais courageusement au concert Smile Jamaica à Kingston. Aux journalistes qui lui demandaient pourquoi il tenait tant à jouer lors de ce concert il répondit : "Les gens qui participent à rendre ce monde plus mauvais ne prennent jamais de jours de congés. C'est pourquoi je ne peux me le permettre". Family Man Barrett, caché dans les collines, est remplacé ce jour-là par Cat Coore de Third World. Bob montre ses bandages à la foule. Il ne se sent plus en sécurité en Jamaïque et part en exil en janvier 1977. Il fait escale à Nassau, puis se réfugie à Londres. Il y enregistre les albums à succès « Exodus » (nommé meilleur album du XXe siècle) et « Kaya » ainsi que le single Punky Reggae Party avec Lee Scratch Perry, qui scelle un pacte rebelle avec le mouvement punk anglais en plein essor. Les titres Jamming, Waiting in Vain notamment sont des tubes mondiaux. Sa relation avec la Jamaïcaine Cindy Breakspeare, Miss Monde 1976, contribue à le projeter à la une des médias.

    En mai 1977, une blessure au gros orteil faite en jouant au football se rouvre lors d'un match amical à l'hôtel Hilton de Paris. Le médecin lui suggère des analyses. Le diagnostic est réalisé à Londres : Bob Marley souffre d'un mélanome malin (cancer de la peau), sans doute dû à une trop longue exposition au soleil. On lui prescrit une amputation urgente de l'orteil, mais un mélange de superstition de son entourage (Rastafari "interdit" toute amputation) et de pression en pleine tournée européenne où il rencontre enfin son public contribuent à retarder l'opération.

    En avril 1978, Bob Marley & the Wailers font un retour triomphal en Jamaïque. Lors du One Love Peace Concert, Bob parvient à réunir sur scène les deux ennemis politiques qui se disputent le pouvoir, Edward Seaga (JLP) et le Premier Ministre Michael Manley (PNP). C'est le sommet de sa carrière. Sans arrêt en tournée, Bob Marley & The Wailers enregistrent l'album en public "Babylon by Bus" au Pavillon de Paris de la porte de Pantin en 1978. Bob fait alors construire son studio, Tuff Gong, où il enregistre l'album "Survival". Les succès se multiplient. Ils vont jouer jusqu'en Nouvelle-Zélande, où ils sont accueillis chaleureusement par les Māori.

    En 1980, après une perte de connaissance lors d'un jogging à Central Park à New York, Bob Marley passe un examen aux rayons X où l'on voit cinq tumeurs, trois au cerveau, une aux poumons et une à l'estomac. Il ne dit rien à son entourage et joue un dernier concert enregistré à Pittsburgh, le 23 septembre. Bob part ensuite pour une clinique de Bavière où il suit un traitement original avec un médecin allemand, le docteur Josef Issels qui prolonge sa vie au prix de dures souffrances. Le cancer se généralise.

    À la fin de sa vie, Bob Marley se convertit à l'Église orthodoxe éthiopienne, dont la plus haute autorité était feu l'empereur d'Éthiopie Hailé Sélassié Ier (Jah Live), considéré par les rastas comme étant la réincarnation de Jésus annoncée dans l'Apocalypse (« le roi des rois, seigneur des seigneurs »). Il souhaitait finir ses jours en Jamaïque mais décède à Miami le 11 mai 1981, trop faible pour faire le voyage en avion jusqu'à Kingston.

    Bob Marley a fait découvrir au monde le reggae, un riche dérivé du blues qui a considérablement influencé la musique populaire occidentale, et ce bien plus qu'il est généralement admis (le remix, le dub, et le rap sont directement issus du reggae). Sa musique a touché tous les publics, transcendant les genres, comme en témoigne un large culte, encore en pleine expansion dans le monde entier à la fin du vingtième siècle. La dimension de Bob est bien plus large que celle du simple chanteur capable de produire des succès populaires comme Is This Love ou Could You Be Loved. Exprimant à l'origine l'affirmation de la dignité et la valorisation d'une identité africaine pour son peuple bafoué par des siècles d'esclavage (Slave Driver, Redemption Song), de colonialisme (Music Lesson, Crazy Baldhead) et d'oppression économique (Revolution), il incarne avec le mouvement rastafari (Positive Vibration, War [écoutez aussi cette version, mais faites attention au volume Clin d'oeil) l'éveil de l'humanité à une révolution spirituelle contre un oppresseur qu'il décrit d'abord comme étant le fruit d'une imposture chrétienne (Get Up Stand Up), voire païenne (Heathen), capitaliste (Rat Race), corrompu, raciste et hypocrite (Who the Cap Fit) à la fois. Avec une authenticité et une force sans doute inégalées depuis, il a été la première (et dernière ?) véritable superstar venue d'un pays pauvre. Parolier remarquable capable de s'approprier avec naturel des formules du langage populaire, n'hésitant pas à aborder les thèmes les plus universels, Bob Marley reste d'abord un symbole d'émancipation et de liberté. Il est aussi devenu l'un des symboles universels de la contestation (Soul Rebel), voire de la légitime défense (I Shot the Sheriff), supplantant souvent dans l'inconscient collectif des politiciens comme Che Guevara (la proche révolution cubaine a marqué Bob Marley), le Jamaïcain Marcus Garvey, Malcolm X, Léon Trotsky, Nelson Mandela ou Thomas Sankara. Son message est d’abord d'ordre spirituel et culturel, et enrobé d’un prosélytisme à consommer du chanvre (la ganja), un rituel rasta (Kaya, Easy Skanking).

    Miroir de l'esprit rebelle des peuples opprimés, héros, exemple et modèle à la fois, Bob Marley est considéré par plusieurs générations déjà comme le porte-parole défunt mais privilégié des défavorisés. Il est avant tout le premier musicien à incarner et assumer pleinement et naturellement cette identité de porte-parole contestataire, un statut que d'autres musiciens comme James Brown (dont il a enregistré plusieurs compositions), Bob Dylan ou John Lennon ont approché mais n'ont jamais totalement obtenu ou assumé pour diverses raisons. En dénonçant la falsification ou l'omission des cultures africaines et afro-américaines par les religions occidentales et les historiens colonialistes (Zion Train, Music Lesson), et avec l'essentiel ingrédient spirituel et culturel rasta (Forever Loving Jah, Rastaman Chant), Bob Marley a suivi une voie qui ne se limite pas à la protestation d'ordre social.

    Il a souhaité confronter l'humanité à une approche de l'histoire et de la bible jusque là essentiellement ignorée, et de plus en plus largement étudiée et reprise depuis. Son approche théologique rastafarienne, relayée par sa célébrité, fait ainsi de Marley l'objet d'un certain nombre de réflexions de nature hagiographique. Beaucoup voient en lui une sorte d'apôtre ou de "prophète" multimédia (Time Will Tell), sans oublier qu'il est le fils d'un Blanc et d'une Noire, signe d'un métissage planétaire unificateur dont l'avenir dépend en bonne partie d'une meilleure connaissance du passé. Comme l'écrivait le New-York Times de façon peut-être aussi ironique que prophétique quinze ans après sa disparition, en 1996, "En 2096, quand l'ancien tiers-monde occupera et colonisera les anciennes super-puissances, Bob Marley sera commémoré comme un Saint."

    Bob a reconnu douze enfants et non treize tel que certains pourraient le penser. Sharon a été adoptée à son mariage avec Rita en 1966. Ziggy, Stephen et Cedella sont les enfants de Rita, et les huit autres de maîtresses diverses. Damian Marley est le fruit de ses amours avec Cindy Breakspeare. La plupart ont entrepris une carrière musicale, et avec succès pour Ky-Mani Marley, Damian Marley, Ziggy Marley et Stephen Marley notamment. Rohan Marley, le compagnon de la chanteuse de hip hop Lauryn Hill (Fugees), est un ancien champion de football américain.

    1. Sharon, née le 23 novembre 1964, issue d'une union antérieure de Rita ;
    2. Cedella Marley née le 23 août 1967, avec Rita ;
    3. David "Ziggy", né le 17 octobre 1968, avec Rita ;
    4. Stephen, né le 20 avril 1972, avec Rita ;
    5. Robert "Robbie", né le 16 mai 1972, avec Pat Williams ;
    6. Rohan, né le 19 mai 1972, avec Janet Hunt ;
    7. Karen, née en 1973, avec Janet Bowen ;
    8. Stephanie Marley née le 17 Août 1974 (Fille d'une relation entre Rita et un homme surnommé "Ital" reconnu par Bob)
    9. Julian, né le 4 juin 1975, avec Lucy Pounder ;
    10. Ky-Mani, né le 26 février 1976, avec Anita Belnavis ;
    11. Damian "Junior Gong", né le 21 juillet 1978, avec Cindy Breakspeare ;
    12. Makeda, née le 30 mai 1981, avec Yvette Crichton ;

    Makeda Jahnesta est le dernier enfant de Bob Marley, née après sa mort.

     

     


     

    Playlist


    Groundation (Tribute to Bob Marley)


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  • Présentation de Pascal Mahdi a.k.a "Brother Mah" :

    Article de Boris Lutanie publié dans Ragga magazine n°44 (presse nationale/septembre 2003), pp. 25-29.


    Brother Mah

    Pascal Mahdi


    Plus connu sous le nom de "Brother Mah" ou "Jah Pascal", l'artiste-peintre Pascal Mahdi consacre une grande partie de son oeuvre actuelle aux grandes figures du mouvement rasta : Ras Pidow, Ras Sam Brown, Bongo Time, Bongo Kali, Ras Derminite... Fasciné par le visage parcheminé de ces "aînés rastas", Brother Mah s'attache à restituer l'histoire collective du mouvement Rastafari au travers du prisme de destins individuels.

    L'art jamaïcain émerge véritablement dans les années trente. Cette décennie voit aussi la naissance du mouvement rastafari. Longtemps méprisés, voire ignorés, les artistes rastafariens ne sont reconnus que depuis peu. Leurs oeuvres s'exposent plus volontiers sur les façades lézardées des ghettos que dans l'enceinte aseptisée des musées. Nombreux comme Ras Mc Lean préfèrent les murs ou les planches défraichies des yards aux supports traditionnels. Les portraits de Marcus Garvey, d'Haïlé Sélassié, de Bob Marley ornent de nombreux quartiers. L'art descend donc dans la rue sans vernissage ni petits fours. Si l'art rasta ne dédaigne pas l'abstraction, il reste le plus souvent figuratif. Les dessins de Ras Daniel Heartman, les toiles de Ras Dizzy excellent en ce domaine. La peinture copte éthiopienne demeure une influence majeure pour de nombreux plasticiens tels que Ras Coghill Leghorn, Jah Scratch I ou encore Ras Dubrick Edwards. Bon nombre de peintres rastafariens revendiquent une inspiration d'ordre divine ("Ivine Iration"). Guidé par Jah, Ras Witter Dread peint sur des bannières qui décorent les tabernacles lors des cérémonies Nyabinghi. A cette fonction rituelle et ornementale, d'autres assignent une portée militante à leur art. Dans cette perspective, des poètes (Mortimo Planno, Ras Sam Brown) et des Dub Poets (Mutabaruka, Bongo Jerry, Oku Onoura) s'efforcent de "réveiller les consciences", parfois au péril de leur vie comme Michael Smith. Les rastas ont investi tous les domaines de la création (danse, musique, théâtre, littérature...). La sculpture n'est pas en reste avec les masques et les statues de Ras Canute ou les superbes sculptures (taillées dans la fougère arborescente) de Ras Bolongo. Fortement marquées par une thématique liée à l'africanité, les créations rastafariennes sont parfois qualifiées de "naïves" et de "primitives" par certains critiques d'art. Rétifs à toute forme d'académisation (ce qui rappelle le refus des institutions religieuses et bâtiments, églises...), les rastas se méfient des catégories esthétiques officielles au même titre que des nouvelles valeurs estampillées "avant-garde contemporaine". Les collections de la Jamaica National Gallery recèlent de nombreuses oeuvres signées par des rastas sans parvenir pour autant à les soumettre à une classification muséographique précise. Depuis la fin des années 70, le mouvement Rastafari s'est très largement internationalisé et les créations de nombreux rastas a travers le monde ont été exposées au Musée d'Histoire Naturelle de Washingthon DC. Cette vaste exposition, conjointement organisée par le Smithsonian Institute, Jakes Homiak et Carole Yawney de IRAP, s'est déroulée fin 2003. Sous la forme d'une expo-festival, cette manifestation internationale accueillit aussi des groupes de percussionnistes rastas. Bref, pas de "formol-isation" muséologique au programme mais bien une ambiance festive. Les peintures du "chercheur de couleurs" Pascal Mahdi y figureront en bonne place. Rencontre avec celui que tout le monde surnomme "Brother Mah" :

     

    Peinture de Brotha Mah
    Tête de faune (si je ne m'abuse), de Pascal Mahdi


    • Quelle importance revêt le mouvement rastafari à tes yeux ?

    L'une des choses les plus importantes que représente ce mouvement ne tient pas à une morale religieuse mais à une éthique de l'existence. Je ne critique pas l'aspect religieux que peut avoir le mouvement mais ce qui me semble le plus universel se situe à mon avis plus au niveau de la spiritualité et de la liberté de la vie de chacun. Les patriarches rastas incarnent une forme de respect de toutes les formes de vie sur terre. Au-delà des dogmes et des principes religieux qui ne font pas vraiment avancer les choses, ces anciens transmettent un message universel de paix pour les générations à venir. Pour beaucoup, on est devenus rastas en écoutant la musique de Bob Marley qui chantait : "moi, je chante des chansons de liberté. Mais qui maintenant continuera à chanter ces chants de liberté ?" Pour ma part, je ne suis pas chanteur, je suis peintre et cette vision, cette interrogation restent en moi et transparaissent dans ma peinture.


    • Pour quelles raisons as-tu choisi de peindre ces ancêtres du mouvement ?

    C'est avant tout un acte de mémoire historique, pas seulement pour valoriser un peuple précis comme le peuple rasta. Pourtant, lorsque l'histoire d'un peuple est bafouée, on ne peut qu'être touché par cette histoire et tenter par notre travail de laisser des traces de ces "gens de bien". La bonté se lit sur leurs visages et cette bonté doit triompher un jour du mal, comme le chantait Bob Marley, malgré l'adversité et les machinations de Babylone. Ces "elders" ont résisté toute leur vie, subissant la pression et les persécutions, sans jamais faillir ni jamais ressembler à ceux qui leur faisaient du mal. Je pense que c'est une des meilleures choses à retenir pour tous ceux qui viendront après nous. Pour conclure sur ta question, mon travail porte aussi sur d'autres peuples génocidés, asservis,
    acculturés, comme les Amérindiens par exemple, les Africains et aussi sur toutes les formes de vie opprimées ou disparues comme certaines espèces animales et végétales. D'ailleurs, on peut faire un rapprochment entre des anciens de l'ordre de Nyabinghi comme Ras Pidow, Ras Sam Brown, Bongo Time et des chefs indiens comme Géronimo, Sitting Bull, Cochise et bien d'autres encore. La philosophie I-tal ne concerne pas uniquement le genre humain mais toute la nature. Il faut cesser de s'opposer les uns aux autres en fonction de nos origines raciales, religieuses, nationales, économiques ou autres. Ces divisions perdurent depuis des siècles et mènent le monde au suicide.
    L'unité n'est pas un vain mot et ces elders essayaient de nous le rappeler.


    • Tu as consacré plusieurs tableaux à Mumia Abu-Jamal, que peux-tu nous dire à ce sujet ?

    Ce n'est pas seulement un combat contre la peine de mort, mais contre tout un système qui protège certaines personnes qui abusent de leur soi-disant pouvoir au détriment du plus grand nombre et de toutes les minorités. Nous nous devons donc de réagir et de le défendre positivement. Libérons la voix des sans-voix. Défendre Mumia c'est aussi nous défendre. Défendre nos valeurs et nos vies ! Maximum respect pour Mumia* et Leonard Peltier !


    • Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

    Plusieurs peintures sont en cours de réalisation : une variation rasta de la Cène et un portrait du patriarche nyabinghi Ras Boanerges. Il est aussi connu sous le nom de Bongo Watto. C'est un personnage extrêmement important dans l'histoire du mouvement rastafarien. Co-fondateur de l'Ordre de Nyabinghi, ce "fils de la foudre" a toujours refusé de se soumettre aux injustices de Babylone et c'est pour cette raison qu'il a passé de nombreuses années de sa vie en prison. Ce travail est un hommage à son courage et à sa sagesse. RASpect ! J'envisage aussi de publier un petit livre réunissant toutes mes peintures consacrées au mouvement rasta dans les mois qui viennent. Je cherche aussi un lieu plus apaisé qui me servirait à la fois d'atelier et de domicile.


    • D'où vient la fulgurance de ton coup de pinceau ?

    Tout d'abord, je dois remercier Bernard, un de mes professeurs pour son enseignement qui fut riche de sens pour moi. Ensuite, j'ai suivi ma propre voie et pour répondre plus précisément à ta question, mon trait traduit toutes les attaques qui me frappent et touchent aussi le monde. Mon travail est viscéralement imprégné par tout cela et c'est pour cette raison que ma peinture montre un combat permanent pour que les gens saisisent la difficulté à trouver un équilibre et à le maintenir. Cet équilibre est toujours instable et ce travail consiste à gagner du temps et du terrain sur le mal. Ce n'est pas une technique formatée, définitivement acquise, mais un travail constant, quotidien. Pour parler plus spécifiquement des techniques employées, la plupart des portraits sur les elders ont été faits à l'acrylique sur papier, quelques uns sont des huiles. Je ne travaille pas toujours avec la même technique. Mes origines métissées jouent aussi un rôle important dans mes créations artistiques.Le métissage est un trait d'union et d'amour entre les peuples de la terre. Il est exactement le contraire de ce que veut Babylone qui orchestre la division en créant la peur. Il faut réparer le Monde avant qu'il ne soit trop tard. Quant à mes influences picturales, on peut citer ici quelques peintres comme Le Caravage, Toulouse Lautrec, Le Greco, Van Gogh, Basquiat, Camille Claudel, Goya, Warrohl et bien d'autres... Au delà de ces grands peintres, ce sont surtout les nombreuses rencontres de ma vie personnelle qui m'ont aussi guidé.


    • Un dernier message ?

    Big up à tous mes frêres et grosse dédicace à ma petite fille Eloa ! One Love à tous de la part de Jah Pascal-Brother Mah ! Irie !

    *Pour plus d'informations sur Mumia Abu-Jamal, consulter le site du Cosimapp (Comité de Soutien International à Mumia Abu-Jamal et aux prisonniers politiques) : www.cosimapp-mumia.org


    Vous pouviez contacter Brotha Mah sur son e-mail: brother_mah@yahoo.fr

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  • There is a land, far far away

    Where there's no night, there's only day

    Look into the book of life*, and you will see

    That there's a land*, far far away

    That there's a land, far far away


    The King of Kings and the Lord of Lords

    Sit upon His throne and He rules us all

    Look into the book of life, and you will see

    That He rules us all

    That He rules us all


    The King of Kings and the Lord of Lords

    Sit upon His throne and He rules us all

    Look into the book of life, and you will see

    That He rules us all

    That He rules us all


    There is a land, far far away

    Where there's no night, there's only day

    Look into the book of life, and you will see

    That there's a land, far far away

    That there's a land, far far away

     

    Satta Massagana

    Ahamlack, Ulaghize

    Satta Massagana

    Ahamlack, Ulaghize

    Ulaghize, Ulaghize



    Playlist

    The Abyssinians - Satta Massagana (Satta Massagana)
    Augustus Pablo - Silent Satta (Dub, reggae and roots from the Melodica King)
    Cedric Im Brooks - Satta massa gana
    (Cedric Im Brooks and the Light Of Saba)
    Ernest Ranglin - Satta Massagana (Below the Bassline)
    Horace Andy - Satta Massa Gana (Mek It Bun)


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  • Forward Jah Jah Children - Jacob "Killa" Miller (Reggae Greats)

    Le mouvement rasta a rapidement cherché à se dissocier de Babylone*, notamment par le langage. Le Dread Talk, Ilect, Iyharic, Rasta-Talk, Iance, ou encore Itesvar, en est une preuve éminente : cherchant à créer leurs propres codes linguistes, les rastas ont procédé à une innovation importante dans le patois jamaïcain − qui lui même est un dérivé de l'anglais et du créole − pour se détacher du colonialisme anglais. Ras Tafari a été couronné sous le nom de Haile Selassie I, lettre-chiffre depuis très repris dans la culture rasta. Exprimant la hauteur (High) ainsi que l'unité (I=1=One), ce symbole est utilisé fréquemment dans le langage rasta, tellement que l'on peut s'y perdre parfois, et obligatoirement si l'on n'est pas initié.

    Ises signifie Praises (prières), Iration signifie Creation ou encore Vibration, Inity vient de Unity, breddrin donne Idrin ; et ainsi de suite. On remplace la première syllabe par I, et ça donne un I-word. À cela s'ajoute les africanismes, les mots tirés de l'amharique (langue éthiopienne), le kreyol jamaïcain...
    Ce langage assurait une relative liberté de communication dans le ghetto, mais valait les regards noirs des babyloniens effarouchés d'un tel langage.

    Le I symbolise donc l'unité, thème extrêmement important chez les rastafarites. De ce fait, ils refusent l'utilisation de you et he, jugeant ces pronoms exclusifs et facteurs même de la division. Le double-pronom I & I est alors utilisé : le premier I symbolise l'unicité de tous les "Je" et le second l'unité sacrée de Jah. Ce double-pronom témoigne de l'immanence de Jah en chacun et de l'immanence de chacun en Jah.
    Comme le dit Bunny Wailer :
    « Who is you ? There's no you. There's only I. I, and I. I is you, I is God, God is I and God is you, but there's no you, cause you is I, so I and I is God. We are all each other and one with God cause it's the same life energy that flows in all of us. » soit « Qui est tu ? Il n'y a pas de tu. Il n'y a que Je. Je et Je. Je est tu, Je est Dieu, Dieu est Je. Dieu est tu, mais il n'y a pas de tu car tu est Je. Donc Je et Je est Dieu. Nous sommes tous ensemble et nous faisons Un avec Dieu car c'est la même énergie vitale qui nous anime. »

    I & I, c'est donc Je, Tu, Il, Elle, Nous, Vous, Ils, Elles, tous ensemble. I & I, c'est l'unité dans la diversité, c'est toi, c'est moi, c'est Jah, c'est nous tous. « Every hoe has it stick in the bush ». Chaque feuille a sa place sur le buisson.

     


     

    Playlist

    The Abyssinians - I and I (Satta Massagana)
    Bob Marley & The Wailers - Africa Unite (Survival)
    Black Uhuru - Unity with a Dub (Love Dub)
    Hugh Mundell - Let's All Unite (Africa Must Be Free by 1983)
    Hugh Mundell & Augustus Pablo - Unity Dub (Africa Must Be Free Dub)


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  • War - Bob Marley & The Wailers (Rastaman Vibration)
    Les paroles de cette chanson sont extraites du discours les suivant.

    Until the philosophy
    Which hold one race
    Superior and another, inferior
    Is finally, and permanently
    Discredited and abandonned
    Everywhere is war
    Me say war
    That until there're no longer
    First class and second class
    Citizens of any nation
    Until the colour of a man's skin
    Is of no more significance
    Than the colours of his eyes
    Me say war
    That until the basic human rights
    Are equally guaranteed to all
    Without regard to race
    Dis a war
    That until that day
    The dream of lasting peace
    World citizenship
    Rule of international morality
    Willl remain in but a fleeting illlusion
    To be pursued
    But never attained
    Now everywhere is war, war
    And until the ignoble and unhapppy regimes
    That hold our brothers in Angola, in Mozambic,
    South Africa, sub-human bondage
    Have been toppled
    Utterly destroyed
    Well everywhere is war
    Me say war
    War in the east
    War in the west
    War up north
    War down south
    War, war
    Rumours of war
    And until that day
    The African continent
    Will not know peace
    We africans will fight it
    We find if necessary
    And we know we shall win
    As we are confidents
    In the victory
    Of good over evil, good over evil
    Good over evil, good over evil...

     


     

     

    Ce que la vie m'a enseigné
    J'aimerai le partager avec
    Ceux qui veulent apprendre...

    En attendant que la philisophie qui tient une race
    Supérieure et une autre inférieure
    Ne soit, enfin et définitivement, discréditée et abandonnée
    Partout c'est la guerre,
    Je dis : guerre

    Qu'en attendant qu'il n'y ait plus de citoyens
    De première et de deuxième classe, dans chaque nation,
    En attendant que la couleur de peau d'un homme
    N'ait pas plus de signification que la couleur de ses yeux
    Je dis : guerre

    Qu'en attendantt que les droits fondamentaux de l'homme soient justement
    Garantis pour tous, sans considération de race
    C'est la guerre

    Qu'en attendant ce jour
    Le rêve d'une paix durable, d'une citoyenneté mondiale,
    D'un règne de moralité internationale
    Ne restera qu'une illusion éphémère
    Poursuivie, mais jamais réalisée
    Maintenant partout c'est la guerre, la guerre

    Et en attendant que les régimes ignobles et malheureux
    Qui tiennent nos frères, en Angola,
    au Mozambique,
    en Afrique du Sud, dans un esclavage moins qu'humain
    aient été renversés,
    complètement détruits
    Et bien, partout c'est la guerre, je dis : guerre

    Guerre à l'est, guerre à l'ouest
    Guerre au nord, guerre au sud
    Guerre, guerre, rumeurs de guerre

    Et en attendant ce jour, le continent africain
    Ne connaitra pas la paix, nous les Africains combattront
    Nous pensons que c'est nécessaire et nous savons que nous gagnerons
    Puisque nous sommes sûrs de la victoire

    Du bien sur le mal, du bien sur le mal, du bien sur le mal
    Du bien sur le mal, du bien sur le mal, du bien sur le mal

     

     

     


     

    Haile Selassie I

     

     

    Mr le Président, chers délégués,

    Il y a 27 ans, en tant qu’empereur d’Éthiopie, je suis monté à la tribune de Genève en Suisse pour m’adresser à la Société des Nations et lui demander de mettre fin à la destruction qu’infligeait à ma nation sans défense l’envahisseur fasciste. C’était à l’époque tout autant un appel à la conscience mondiale qu’un plaidoyer en sa faveur. A l’époque mes paroles n’ont pas été entendues, mais l’histoire est là pour témoigner combien était justifié l’avertissement que je lançais en 1936*.

    Aujourd’hui, je me retrouve devant l’Organisation mondiale des Nations Unies qui a su se débarrasser des oripeaux dont s’affublait la précédente organisation discréditée. Sous sa forme nouvelle se trouve inscrit le principe de sécurité collective que j’invoquais vainement à Genève. Ici, dans cette assemblée, réside le meilleur espoir - peut-être le dernier - en une survivance pacifique de l’humanité. Je déclarais en 1936 que ce n’était pas le Pacte de la Société des Nations qui était en cause, mais bien la moralité internationale. Les engagements, disais-je alors, ne valent pas grand chose quand manque la volonté de les tenir. La Charte de l’Organisation des Nations Unies exprime les plus nobles aspirations de l’homme : la renonciation à la force pour régler les dissensions entre états ; le respect pour tous des droits et des libertés fondamentaux de l’homme, sans distinction de race, de sexe, de langue ni de religion ; la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales. Mais tout cela, comme l’étaient les termes du Pacte, ne sont que des mots : leur valeur dépend entièrement de notre volonté de les observer, les respecter et de leur donner contenu et sens. Préserver la paix et garantir les droits et les libertés fondamentaux de l’homme demande du courage et une vigilance permanente : avoir le courage de parler et d’agir - et si nécessaire, de souffrir et mourir - pour la vérité et la justice ; une vigilance permanente pour que ne reste pas inaperçue et sans remède la moindre atteinte à la moralité internationale. Ces leçons doivent être réapprises à nouveau par chaque génération successive, et bienheureuse la génération qui peut apprendre des autres plutôt que d’une expérience personnelle amère. Cette Organisation et chacun de ses membres portent une responsabilité écrasante et terrifiante : celle d’assimiler la sagesse qu’enseigne l’histoire et de l’appliquer aux problèmes du présent, afin que les générations futures puissent naître, vivre et mourir en paix.
    Le bilan de ce que l’ONU a réalisé dans les courtes années de son existence offre une base solide, encourageante et pleine d’espoir pour le futur. L’ONU a osé agir là où la Société des Nations n’avait pas osé le faire en Palestine, en Corée, à Suez, au Congo. Il n’est personne aujourd’hui parmi nous qui ne compte sur les réactions de cette institution lorsque les motifs et les actes sont en question. L’avis de cette Organisation exerce aujourd’hui une influence certaine sur les décisions de ses membres. Le coup de projecteur en direction de l’opinion mondiale braqué par l’ONU sur les transgressions commises par les renégats de la société humaine a constitué jusqu’à présent une sauvegarde effective contre l’agression non réprimée et la violation sans freins des droits de l’homme. L’ONU continue d’être ce forum auprès duquel les nations dont les intérêts divergent peuvent exposer leur cas devant l’opinion mondiale. Elle constitue toujours la valve de sécurité essentielle, sans laquelle la lente accumulation des pressions aurait depuis longtemps explosé de façon catastrophique. Ses actes et ses décisions ont hâté la libération de nombreux peuples dans les continents d’Afrique et d’Asie. Ses efforts ont contribué à améliorer le niveau de vie des peuples aux quatre coins du monde. De cela, tous les hommes doivent être reconnaissants. Vus d’aujourd’hui, comme les souvenirs de 1936 semblent vagues et lointains ! Comme les attitudes des hommes ont changé ! Nous vivions alors dans une atmosphère de pessimisme oppressant. Aujourd’hui, l’esprit qui prévaut est un optimisme prudent mais ferme. Pourtant, chacun de nous ici sait que ce qui a été accompli ne suffit pas. Les jugements rendus par l’ONU sont et continuent d’être décevants dans la mesure où certains états membres n’ont pas tenu compte de ses injonctions et de ses recommandations. Les ressorts de l’ONU ont été affaiblis dans la mesure où certains des états membres ont failli à leurs obligations envers elle. L’autorité de l’ONU a été bafouée dans la mesure où certains états membres ont continué à poursuivre leurs propres objectifs en violation de ses injonctions. Les problèmes qui continuent à nous tourmenter contaminent tous les états membres de l’Organisation, mais l’ONU elle-même reste incapable d’imposer des solutions acceptables. En tant que source et rempart du droit international, ce que l’ONU a accompli reste encore éloigné de notre but, constituer une communauté internationale de nations. Cela ne veut pas dire que l’ONU a échoué. J’ai vécu trop longtemps pour nourrir beaucoup d’illusions quant à la grandeur d’âme des hommes une fois confrontés à la question du contrôle de leur sécurité, et de leurs intérêts propres. Même encore maintenant, où tout est si fragile, beaucoup de nations répugnent à remettre leur destinée en d’autres mains. Pourtant, tel est l’ultimatum qui se présente à nous : renforcer la sécurité des conditions par lesquelles les hommes remettront leur sécurité entre les mains d’une entité plus large, ou risquer l’anéantissement ; convaincre les hommes que leur seul salut réside en la subordination de leurs intérêts nationaux et locaux aux intérêts de l’humanité, ou bien mettre en péril le futur de l’homme. Tels sont les objectifs, hier inaccessibles, aujourd’hui essentiels, auxquels il nous faut travailler. Tant que cela ne sera pas réalisé, le futur de l’humanité restera hasardeux et la paix durable pure spéculation. Il n’existe aucune formule magique particulière, aucune étape simple à franchir, ni aucuns mots - qu’ils soient inscrits dans la Charte de l’ONU, ou dans un traité entre états - qui puissent nous donner automatiquement la garantie que nous recherchons.
    La paix est un problème à résoudre au jour le jour, le produit d’une multitude d’événements et de jugements. La paix n’est pas un "état" , elle est un "devenir". Nous ne pouvons pas échapper à la terrifiante probabilité d’une catastrophe due à des erreurs de pronostic, mais nous pouvons prendre les bonnes décisions sur une foule de problèmes particuliers que pose chaque jour nouveau, et contribuer ainsi, et peut-être de la seule façon raisonnable en 1963, à la préservation de la paix. C’est en cela que l’ONU nous a rendu service, pas parfaitement, mais bien . En même temps que nous consolidons les formes qui permettront à l’Organisation de mieux nous servir, nous servons et rendons plus proches nos objectifs les plus précieux. J’aimerais mentionner aujourd’hui brièvement deux cas particuliers qui nous concernent tous, nous humains : le désarmement et l’établissement d’une vraie égalité entre les hommes. Le désarmement est devenu l’urgence de notre époque. Je ne veux pas dire par là que je croie que l’absence d’armes équivale à la paix, ni que mettre fin à l’armement nucléaire garantisse automatiquement la paix, ni que l’élimination des têtes nucléaires des arsenaux du monde amènera dans son sillage le changement d’attitude qui est le préalable indispensable au règlement pacifique des querelles entre nations. Si le désarmement est vital aujourd’hui, c’est tout simplement à cause des immenses capacités destructrices dont disposent actuellement les hommes. L’Éthiopie soutient le Traité interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère en tant qu’étape vers ce but, même si ce n’est qu’une étape partielle. Les nations peuvent toujours mettre au point des armes de destruction massive avec des essais souterrains, il n’y a aucune garantie contre la reprise soudaine et sans préavis des tests atmosphériques. La vraie portée du Traité est de mettre en place un gel tacite entre les nations qui l’ont négocié, un gel qui prend acte de cette réalité brutale à laquelle on ne peut se soustraire : personne n’échapperait à la destruction totale qui serait notre sort commun en cas de guerre nucléaire, un gel qui nous offre à nous et aux Nations unies un espace de respiration dans lequel agir. Telle est l’opportunité qui s’offre à nous et le défi qui nous est lancé. Si les puissances nucléaires sont prêtes à déclarer une trêve, profitons-en pour renforcer les institutions et les procédures qui offriront le moyen de régler les conflits entre les hommes. Il y aura toujours de nouveaux conflits entre les nations. Le problème qui se pose en réalité est de savoir s’ils doivent être résolus par la force, ou bien par le recours à des procédures et des méthodes pacifiques, appliquées par des institutions impartiales. L’ONU est elle-même la plus grande de ces institutions, ce sont des Nations unies plus puissantes que nous recherchons, et c’est là que nous trouverons l’assurance d’un futur pacifique. Si un désarmement réel et effectif était atteint, et que les fonds actuellement dépensés pour l’armement étaient consacrés à l’amélioration de la vie des hommes, si nous nous consacrions exclusivement aux usages pacifiques du savoir nucléaire, combien profondément et rapidement nous pourrions transformer les conditions de l’humanité ! Ce devrait être notre objectif.
    Pour ce qui est de l’égalité entre les hommes, là aussi il y a un défi et une opportunité à saisir ; le défi est d’insuffler une vie nouvelle aux idéaux déjà inscrits dans la Charte, l’opportunité est de rapprocher les hommes de la liberté et de la vraie égalité, et par conséquent de l’amour de la paix. L’égalité entre les hommes que nous visons est à l’opposé de l’exploitation d’un peuple par un autre, dont les pages de l’histoire, et en particulier celles écrites sur les continents d’Afrique et d’Asie, nous parlent si abondamment. L’exploitation ainsi considérée présente plusieurs aspects, mais quelque soit la forme qu’il prenne, ce fléau doit être évité là où il n’existe pas et éradiqué là où il existe. L’ONU a pour devoir sacré de garantir que le rêve d’égalité finisse par être réalisé pour tous les hommes auxquels il est encore dénié, et de garantir que l’exploitation ne renaisse pas sous de nouvelles formes là où elle a déjà été abolie. Qu’une Afrique libre ait émergé dans la décade passée a été un coup de plus porté à l’exploitation, là où elle existe encore. Et en une interaction si fréquente dans l’histoire, cela a en retour stimulé et encouragé les peuples laissés dans la dépendance à renouveler leurs efforts pour secouer le joug qui les a oppressés et pour revendiquer comme droit de naissance les deux idéaux jumeaux de liberté et d’égalité. Ce seul combat est un combat pour établir la paix, et tant que la victoire ne sera pas assurée, la fraternité et la compréhension entre les peuples qui seules nourrissent et donnent vie à la paix, ne pourront être que partielles et incomplètes.
    Aux Etats-Unis d’Amérique, l’administration du Président Kennedy mène une lutte vigoureuse pour éradiquer les derniers vestiges de la discrimination raciale de son pays. Nous savons que ce combat sera gagné et que le droit triomphera. En ces temps d’épreuves, de tels efforts doivent être encouragés et soutenus, et nous devrions accorder aujourd’hui notre sympathie et notre soutien au gouvernement américain.
    En mai dernier, à Addis-Abeba, fût convenu une rencontre entre Chefs d’état et Gouvernements Africains. En trois jours, les 32 nations représentées à cette Conférence ont démontré au monde que, lorsque le désir et la détermination existent, les nations et les peuples venus d’horizons différents peuvent et pourront travailler ensemble en harmonie, à la réalisation d’objectifs communs et à la garantie de l’égalité et de la fraternité que nous désirons. Bien que nos positions vis-à-vis des deux blocs soient considérées comme neutres, notre histoire atteste du fait que nous nous sommes toujours efforcés de coopérer avec toutes les nations sans exception. Ainsi, un des principes fondamentaux sur lequel nous nous sommes mis d’accord au Sommet d’Addis-Abeba est notre désir fondamental de vivre en harmonie et en coopération avec tous les états. à propos de la discrimination raciale, la conférence d’Addis-Abeba à enseigné à ceux qui veulent apprendre cette autre leçon : « Tant que la philosophie qui fait la distinction entre une race supérieure et une autre inférieure ne sera pas finalement et pour toujours discréditée et abandonnée ; tant qu’il y aura encore dans certaines nations des citoyens de première et de seconde classe ; tant que la couleur de la peau d’un homme n’aura pas plus de signification que la couleur de ses yeux ; tant que les droits fondamentaux de l’homme ne seront pas également garantis à tous sans distinction de race ; Jusqu’à ce jour le rêve d’une paix durable, d’une citoyenneté mondiale et d’une rêgle de moralité internationale, ne restera qu’une illusion fugitive que l’on poursuit sans jamais l’atteindre. Et tant que les régimes ignobles et sinistres qui tiennent en esclavage nos frêres en Angola, Mozambique et Afrique du Sud n’auront pas été renversés et détruits ; et tant que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et les intérêts personnels n’auront pas été remplacés par la compréhension, la tolérance et la bonne volonté ; tant que tous les africains ne pourront pas se lever et s’exprimer comme des êtres humains libres, égaux aux yeux de tous les hommes comme ils le sont aux yeux de Dieu ; jusqu’à ce jour, le continent africain ne connaîtra pas la paix. Nous Africains, nous battrons si nécessaire, et nous savons que nous vaincrons, tant nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal. »

    L’ONU a beaucoup fait, aussi bien directement qu’indirectement, pour accélérer la disparition de la discrimination et de l’oppression sur terre. Sans l’opportunité qu’elle offre de concentrer l’opinion mondiale sur l’Afrique et l’Asie, l’objectif serait resté pour beaucoup encore très lointain, et le combat aurait pris encore plus de temps. De cela, nous sommes réellement reconnaissants. Mais on peut faire plus. La base de la discrimination raciale et du colonialisme a toujours été économique, et c’est avec des armes économiques que ces fléaux ont été et peuvent être surmontés. A la suite des résolutions adoptées à la Conférence au Sommet d’Addis-Abeba, les états Africains ont pris plusieurs mesures économiques, qui - si elles étaient adoptées par tous les états membres des Nations unies - transformeraient rapidement l’intransigeance en raison.
    Je demande aujourd’hui que chaque nation représentée ici prouve son attachement aux principes énoncés par la Charte en adhérant à ces mesures. Je ne crois pas que le Portugal ni l’Afrique du Sud soient prêts au suicide, qu’il soit physique ou économique, s’il existe à cela des alternatives honorables et raisonnables. Je crois que de telles alternatives peuvent être trouvées. Mais je sais aussi que les conseils en faveur de la modération et de la tempérance ne seront rien si l’on n’a pas trouvé de solutions pacifiques ; et ce serait là un nouveau coup infligé à cette Organisation, qui freinerait et affaiblirait toujours plus son utilité dans la lutte pour assurer la victoire de la paix et de la liberté sur les forces de la dissension et de l’oppression. Telle est maintenant l’opportunité qui se présente à nous. Nous devons agir pendant que nous le pouvons, pendant que l’occasion existe d’exercer les pressions légitimes qui sont entre nos mains, de peur que le temps ne passe et ne nous pousse à recourir à des procédés moins heureux. L’ONU possède-t-elle aujourd’hui l’autorité et la volonté d’agir ? Et si elle n’en dispose pas, sommes-nous prêts à lui conférer le pouvoir de créer et de renforcer le droit ? Où bien la Charte n’est-elle qu’une simple collection de mots, sans contenu ni substance, parce que manque l’esprit ? Le temps qui nous reste pour poser ces questions est déjà trop court.
    L’histoire est remplie de pages qui nous montrent que les événements indésirables que l’on voulait éviter sont arrivés parce que les hommes ont attendu pour agir qu’il soit trop tard. Nous ne pouvons nous permettre un tel délai. Si nous voulons survivre, cette Organisation doit survivre. Pour survivre, elle doit être renforcée. Son pouvoir exécutif doit être investi d’une grande autorité. Les moyens permettant de donner plus de poids à ses décisions doivent être renforcés, et s’ils n’existent pas, inventés. Il faut établir des procédures pour protéger le petit et le faible lorsqu’il est menacé par le fort et le puissant. Toutes les nations remplissant les conditions de membres doivent être admises et autorisées à siéger à cette Assemblée. L’égalité de représentation doit être assurée dans chacun de ses organes.
    Toutes les possibilités qu’offre l’ONU de trouver un moyen par lequel l’affamé serait nourri, le nu habillé, l’ignorant instruit, doivent être évaluées et exploitées car la fleur de la paix ne se nourrit pas de pouvoir ni de cupidité. Réaliser cela exige du courage et de la confiance. Le courage, je crois, nous l’avons. La confiance doit être créée, et pour créer la confiance, nous devons agir courageusement. Les grandes nations du monde feraient bien de se souvenir qu’en ces temps modernes, même leur propre destin n’est pas entièrement entre leurs mains.
    La paix réclame les efforts réunis de nous tous. Qui peut prévoir quelle étincelle mettrait le feu aux poudres ? Les petits et les faibles ne sont pas les seuls à devoir observer scrupuleusement leurs obligations envers l’ONU, et les uns envers les autres. Tant que les plus petites nations ne se verront pas attribuer une voix propre dans le règlement des problèmes mondiaux, tant que l’égalité que l’Afrique et l’Asie ont conquise par la lutte ne sera pas reflétée dans une participation élargie à l’institution que représente l’ONU, la confiance sera d’autant plus difficile à obtenir. Tant que les droits du dernier des hommes ne seront pas protégés avec autant de zèle que ceux du plus grand, les graines de la confiance échoueront sur un sol stérile. Le sort de chacun de nous est le même - la vie ou la mort. Nous souhaitons tous vivre. Nous tous un monde où les hommes seraient libérés des fardeaux de l’ignorance, de la pauvreté, de la faim et de la maladie. Et nous aurons tous hâte d’échapper à la pluie mortelle des retombées nucléaires si la catastrophe s’abattait sur nous. Lorsque j’ai parlé à Genève en 1936, le fait qu’un Chef d’état s’adresse à la Société des Nations était sans précédent. Je ne suis ni le premier ni ne serai le dernier Chef d’état à s’adresser à l’ONU, mais moi seul me suis adressé à la fois à la Société des Nations et à l’ONU à ce titre. Les problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés sont eux aussi sans précédent. Ils n’ont pas de contrepartie dans l’expérience humaine. Les hommes recherchent dans l’histoire des solutions et des précédents mais il n’y en a pas.
    Ceci est donc le défi suprême. Où devons-nous chercher comment survivre, comment répondre à des questions qui n’ont encore jamais été posées ? Nous devons nous tourner d’abord du côté de Dieu tout puissant Qui a élevé l’homme au dessus des animaux et l’a doté d’intelligence et de raison. Nous devons avoir foi en Lui, et qu’Il ne va pas nous abandonner ou nous permettre de détruire l’humanité qu’Il a créée à Son image. Et nous devons regarder en nous-mêmes, dans les profondeurs de nos âmes. Nous devons devenir ce que nous n’avons jamais été et ce à quoi notre éducation, notre expérience et notre environnement nous a très mal préparé. Nous devons être plus grands que ce que nous avons été : plus courageux, avec une plus grande ouverture d’esprit et une vision plus large. Nous devons devenir les membres d’une nouvelle race, dépasser nos préjugés insignifiants, faire notre ultime allégeance non pas aux nations, mais à nos semblables au sein de la communauté humaine.

    Haile Selassie Ier, le 6 Octobre 1963, devant l'ONU


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    War - Sepultura


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