• Seigneur, qui peut être reçu dans ton temple ?

    Psaume de David

    Seigneur, qui peut-être reçu dans ton temple ?
    Qui peut habiter sur ta montagne sainte ?

    C'est celui qui se conduit parfaitement.
    Il fait ce qui est juste, ses paroles sont sincères et vraies.

    Il ne dit pas de mal des autres,
    il ne fait de tort à personne,
    il n'insulte pas son voisin.
    Il méprise celui qui agit mal,
    mais il honore ceux qui respectent le Seigneur.
    Même s'il fait une promesse difficile à tenir, il la tient.
    Il prête son argent sans intérêt,
    il n'accepte pas de cadeau pour accuser un innocent.

    Celui qui se conduit ainsi ne risque pas de tomber.


    Psaumes 15.1-5


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  • Ethiopian Kingdom - Prince Roland Downer & Count Ossie with His Band (Trojan Nyahbinghi Box Set - CD 1)

    En 1948, H.I.M Haile Selassie I concède le territoire de Shashamane, en Éthiopie, faisant 500 hectares, à 200km au sud d'Addis-Abeba,  à la diaspora noire pour la remercier pour son effort de guerre contre l'Italie. Mais ce sont surtout les rastas qui ont pris cette offre pour eux, saisissant l'occasion d'un retour à la Terre Promise, Zion.


    Si Shashamane, située dans la vallée de Goba, à 200km au sud de la capitale, est aujourd'hui considérée comme Terre Rasta, il n'en était rien au départ, le Negus Negasta ayant offert cette terre pour la diaspora noire souhaitant un retour en Afrique, et non uniquement pour les rastas (qui souhaitent tout autant un retour vers Mama Africa). La question du retour des rastas en Afrique est un point important − si ce n'est un point central − pour le peuple de Jah, dès les années 30. Marcus Garvey avait déjà tenté, sans succès, d'organiser un grand rappatriement vers le Liberia ou en Sierra Leone (voir "Black Star Line").


    Repatriation is a must*

    Fondateur de l'UNIA (Universal Negro Improvement Association), Marcus Mosiah Garvey lance le mouvement de rappatriation de la diaspora noire d'Amérique et des Antilles, le "Back-to-Africa Movement", prônant la création d'une république africaine noire.
    En 1909, Daniel Robert Alexander aurait été le premier noir américain à s'installer en Éthiopie. Une décennie plus tard, le « Star Order Of Ethiopia » brûle publiquement le drapeau américain et réclame un retour aux racines. Ces vœux deviennent réalité lorsque Selassie The First offre une première terre Éthiopienne à une centaine d'afro-américains située près du Lac Tana, le plus grand lac d'Éthiopie.
    Des discours tendant à la rapatriation ont été prononcés entre autres par Leonard Percival Howell en 1934, Prince Emmanuel Charles Edwards en 1958, ou encore Claudius Henry l'année suivante.

    La Terre de Shashamane

    En 1948, le Roi des Rois concède 500 hectares de terres fertiles au Sud d'Addis-Abeba à la diaspora noire. James et Helen Piper, membre de l'Ethiopian World Federation (EWF), sont chargés d'admnistrer ce territoire dans un esprit coopératif et responsable.
    La nouvelle arriva en Jamaïque en 1955, et les rastas jamaïcains interprètent ceci comme la réalisation d'une prophétie biblique :

    « Ne crains pas, car je suis avec toi,
    du levant je vais faire revenir ta race,
    et du couchant je te rassemblerai.
    Je dirai au Nord : donne !
    Et au Midi : ne retiens pas !
    Ramène mes fils de loin
    Et mes filles du bout de la Terre.
    »
    Isaïe (43.5-7)

    D'autres passages de la Bible peuvent être cités relatifs au retour à la Terre Promise, notamment : Genèse 12-7, Ezéchiel 20-28, Psaumes 133...

    Cependant, cette terre n'a rien du paradis, et les conditions de cohabitation avec les locaux y sont parfois difficiles. Pour certains, l'expérience n'a parfois rien à voir avec le retour aux racines tant espéré. Mais le mouvement est engagé. Ras Sam Brown (elder jamaïcain très engagé en politique à Kingston ; il s'est notamment présenté aux élections de 1961) en est un des porte-paroles : « J'ai été personnellement volé au continent Africain il y a presque 500 ans. Je sais que notre salut ne réside pas en Jamaïque mais dans notre retour en une Afrique libérée. » Les administrateurs du territoire − qui ne sont pas rastas − sont très critiqués par ceux-ci ; les conflits deviennent de plus en plus importants. En 1970, Sa Majesté visite le camp et en confie la gestion à Ras Solomon Wolfe (toujours assisté par l'EWF), ce qui aura pour conséquence de calmer les esprits. Le Ras parcellisera alors les terres, ce qui constituera pour certains le début d'un échec, notamment Mortimo Planno (un des pionniers du port des dreadlocks comme signe unificateur à Rasta, entre autres) car contraire à l'idée de communauté, insérant ainsi l'idée de propriété privée. Après la prise de pouvoir des communistes en 1974, la situation de Shashamane est critique. Les terres sont nationalisées en 1975, laissant des rastas expropriés du jour au lendemain. De 1952 à 1974, Shashamane a connu l'installation de 22 familles ainsi que l'implantation des Douze Tribus d'Israël. Bob Marley séjournera à Shashamane en 1978 − faisant partie des DTI, ou Twelve Tribes of Israel.

    Papa Dyer

    Né en Jamaïque, Noel Dyer émigre à Londres en 1960. Les années 50 sont très marquées par un flux migratoire vers l'Angleterre venant de Jamaïque. Les rastas rappèlent alors que la terre promise n'est pas l'Angleterre mais l'Éthiopie, par le slogan « Ethiopia Yes, England No ». Noel Dyer décide alors d'entreprendre son retour vers ses racines Éthiopiennes. En 1964, il décide de quitter Londres pour l'Éthiopie. Son périple durera 1 an, passant par la France, l'Espagne, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Lybie, l'Égypte, le Soudan ; il atteint enfin l'Éthiopie en juillet 1965. Il a été emprisonné deux semaines au Soudan pour non-présentation de visa, où il déclara : « Comment un homme noir pourrait-il être étranger au Soudan ? J'ai été arraché à l'Afrique il y a 400 ans, et maintenant que je reviens sur ma Terre Natale, je suis considéré comme un étranger ? » Les tribulations de Papa Dyer concerne tous les nouveaux habitants de Shashamane ; malgré plusieurs années de séjour ici, ils ont beaucoup de mal à obtenir la nationalité éthiopienne. Depuis, les communautés rastas s'y sont beaucoup développées. On recensait en 1996 pas moins de 200 habitants, dont beaucoup d'enfants. Ont été inaugurées également de nouvelles terres, à Malcoda. Il y a maintenant une école, une clinique, une bibliothèque et une épicerie. Tous les ordres et congrégations sont représentés : Twelve Tribes of Israel, Bobo Ashanti, Ethiopian World Federation ou encore l'ordre Nyahbinghi.
    En 1992, la communauté a organisé une cérémonie pour le centenaire de la naissance de H.I.M. Selassie I, sous la bannière du JRDC (Jamaican Rastafari Development Community)

    Black Exodus

    Certains rastas se sont détachés de l'image symbolique de Shashamane, Jah Bones par exemple considérant que cette terre avait suscité trop de mirages et d'espoirs auprès des rastas du monde. Tony Benjamin, quant à lui, chante « Zion is Africa, and Ethiopia is not Zion ». Certains ont choisi d'autres destinations, comme le Ghana, le Zimbabwe, le Liberia, le Sierra Leone, le Nigeria ou le Kenya.

    En 1993, Boris Lutanie pour le Hors-Série Ragge n°4 a rencontré le « Père Jah » (Jah Eliejah Adanjah), patriarche de la « Sainte Famille Jah » en Basse-Terre (Guadeloupe). À cette époque, il démarchait beaucoup pour obtenir le retour de la communauté en Afrique. Aujourd'hui, ils résident au Bénin, et expliquent le sens de ce « retour » : « Le Bénin est connu comme l'ancien royaume du Dahomey, et la ville de Ouidah a été une des plus grandes portes de la déportation. Cette porte fonctionne aujourd'hui dans l'autre sens, puisqu'à l'initiative de deux présidents dans ce pays déjà, Soglo et Kérékou, il y a eut l'ouverture de la route de l'esclave puis la conférence des leaders pour la réconciliation et le développement. Ces deux initiatives nous permettent d'être ici, dans un pays qui accepte d'assumer son histoire en étant acteur, un pays d'accueil et de transit pour ceux qui veulent revenir définitivement, ici, ou dans d'autres pays d'Afrique. »

     

    Il y a plusieurs festivités et autres « I-lebrations » (célébrations) rastafariennes célébrées à Shashamane par les diverses communautés. Ces fêtes suivent un calendrier précis :

    − le 7 janvier : Noël Éthiopien ;
    − le 2 Mars : Bataille d'Adoua (victoire finale et triomphante de l'empereur Ménélik II sur le Royaume d'Italie, souvent attribuée à Hailé Sélassié Ier, mais il n'en est rien) ;
    − le 21 avril : le « Grounation Day » célèbre la visite d'Hailé Sélassié en Jamaïque ;
    − 24 et 25 mai : célébration de la Libération de l'Afrique ;
    − 23 juillet : Anniversaire de Sa Majesté Impériale ( « Earthday » ) ;
    − 17 août : Anniversaire du prophète Marcus Mosiah Garvey ;
    − 11 septembre : Nouvel An Éthiopien ;
    − 2 novembre : célébration du couronnement du Ras Tafari sous le nom de Haile Selassie I ( « Hailebration » pour moi)

     

     


    Playlist
    Africa is Zion
    - Tony Benjamin ou Africa is Zion - Sister Audrey
    Zion Is A Home - Augustus Pablo (Rockers Meet King Tubby In A Fire House)
    Ethiopia - Aisha Morrison
    Zion Train - Bob Marley & The Wailers (Uprising)
    No Night In Zion - Count Ossie & The Mystic Revelation of Rastafari (Tales of Mozambique)
    Zion - Mad Professor (Ras Portraits)
    Repatriation - Horace Martin
    Zion - Twinkle Brothers meet Jah Shaka (Rasta Surface)
    ...


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