• Gregory Isaacs

    Il était une fois dans un certain village, un certain petit garçon qui aimait toujours rendre service chaque fois que l'occasion se présentait. Un jour qu'il se promenait tout seul, il vit un crocodile prisonnier d'un filet. Le crocodile dit au petit garçon : « Oh ! Sors-moi de là ! » Le petit garçon lui répondit : « Si je te libère, tu vas me manger, monsieur Crocodile. » Et le crocodile lui répondit : « Oh non ! »
    Sur ce, le petit garçon qui aimait toujours rendre service chaque fois que l'occasion se présentait s'avança et libéra le crocodile. L'animal referma sur lui ses mâchoires. Le petit garçon se mit à pleurer. « J'étais sûr que tu me mangerais ! » Le crocodile lui sourit : « C'est la vie. une mauvaise action vient toujours récompenser une bonne action. » Alors le petit garçon dit : « D'accord, demandons au premier passant ce qu'il en pense. »
    Vint alors un vieux cheval. Le petit garçon lui raconta son histoire. Le cheval remua la queue et dit : « Jadis j'étais jeune et fort, et mon maître s'occupait bien de moi, mais maintenant que je suis vieux et faible, il m'a emmené dans la jungle pour que les bêtes sauvages me mangent. C'est ainsi que se comportent les hommes. »

    Vint alors un second passant, qui n'était autre qu'un petit lapin. Il croisa les pattes et dit : « Bien. Toi, petit garçon, et toi, monsieur Crocodile, racontez-moi depuis le début. » Comme le crocodile ouvrait grandes ses mâchoires pour lui raconter l'histoire, le petit garçon en profita pour se sauver. Il courut jusqu'au village voisin où il y avait des chasseurs. Le petit lapin en avait lui aussi profité pour se sauver. Les chasseurs attrapèrent le crocodile, mais ils avaient aussi un chien de chasse qui courut après le petit lapin et le mangea. Tu vois, c'est la vie. Une mauvaise action vient toujours récompenser une bonne action.

     

    « J'ai écrit cette histoire en prison pour mes gosses. Une mauvaise action vient toujours récompenser une bonne action, c'est comme ça, la vie. La plupart des gens te font des saloperies quand tu es sympa. Moi, j'étais comme le petit garçon. »

    Gregory Isaacs

    à Roger Steffens pour le magazine The Beat, vol.12, le 1er janvier 1993


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